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Tout savoir sur la surconsommation alimentaire

Par Amirah Le mercredi 25 août 2021

surconsommation alimentaire

Consommons-nous uniquement ce dont nous avons besoin ? En ce qui concerne notre alimentation, la réponse est non. Le paradoxe est criant : d’un pays à l’autre, on navigue entre famine et surconsommation alimentaire. Pourtant, dans les faits, un tiers de la nourriture que l’on produit à travers le monde est perdu ou jeté. À ces pertes alimentaires s’ajoute un gâchis de nourriture par les ménages, une fois les denrées commercialisées sur le marché. Le gaspillage alimentaire dans les pays industrialisés s’explique donc aussi par une tendance à vouloir manger en trop grande quantité. Quelles sont les conséquences de la surconsommation alimentaire et comment lutter contre ce phénomène ? Nous allons voir qu’en plus d’être néfaste pour l’environnement, la consommation excessive de nourriture présente également un risque pour la santé.

Qu'est-ce que la surconsommation alimentaire ?

Surconsommation alimentaire : définition

La surconsommation alimentaire désigne le fait de jeter des produits alimentaires sans les avoir consommés, mais aussi de manger de la nourriture en trop grande quantité.

Ainsi, dans de nombreux pays industrialisés, le niveau de consommation alimentaire des ménages se situe bien au-dessus de leurs besoins réels. Ce déséquilibre est l’une des causes du gaspillage alimentaire et intervient donc tout au bout de la chaîne d’approvisionnement, après les étapes de production agricole, de transport, de stockage, de transformation et de distribution.

Acheter trop de nourriture ou servir des portions excessives à table entraîne alors inévitablement une perte alimentaire.

Surconsommation alimentaire : statistiques

Lorsqu’on parle de gaspillage alimentaire domestique, on pense souvent à la nourriture jetée sans même avoir été consommée. Une étude de l’ADEME (Agence de la transition écologique) révèle que un Français jette en moyenne 30 kg de déchets alimentaires par an. Parmi ces ordures ménagères, 7 kg de produits alimentaires sont encore emballés !

Toutefois, nous pensons moins à un autre type de gaspillage caché. Nous consommons 140 milliards de tonnes de nourriture en trop par rapport à nos besoins nutritionnels. Ces statistiques sur la surconsommation alimentaire démontrent que l’on gaspille 100 fois plus d’aliments en mangeant trop plutôt qu’en jetant des produits encore consommables.

À l’inverse, 690 millions de personnes ont souffert de la faim à travers le monde en 2019. Cette insécurité alimentaire témoigne de la vulnérabilité et de l’insuffisance des systèmes alimentaires dans certains pays d’Asie ou d’Afrique, mais également d’une inégalité d’accès à la nourriture en fonction des régions.

Or, d’après les données de l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le quart des aliments gaspillés à travers le monde suffirait à mettre un terme à la famine et à la malnutrition. La lutte contre le gaspillage alimentaire est donc d’une importance capitale. L’enjeu est à la fois éthique, économique et écologique.

surconsommation alimentaire

Quels sont les aliments consommés en excès ?

Les denrées alimentaires les plus gaspillées sont :

  • les fruits et les légumes frais (près de la moitié de la nourriture jetée dans les pays de l’Union européenne) ;
  • les céréales (riz, pâtes, pain, etc.) ;
  • les racines et tubercules ;
  • les produits laitiers et les œufs ;
  • la viande ;
  • le poisson et les fruits de mer.

Si l’on constate que les fruits, les légumes et les tubercules sont les produits les plus jetés alors qu’ils sont encore consommables, ce ne sont pas ceux qui ont le plus gros impact en matière d’excès calorique ou d’empreinte écologique. Il s’agit plutôt des produits d’origine animale comme les produits laitiers et la viande.

Les conclusions de la Commission EAT-Lancet sur le régime planétaire vont dans ce sens, puisqu’elles indiquent que la consommation de viande à travers le monde est environ 288% fois supérieure à la quantité nécessaire pour une alimentation saine et équilibrée des populations.

Au niveau global, on assiste donc à une surconsommation de viande et de produits laitiers. Ces aliments ont un coût écologique plus élevé car ils sont énergivores et nécessitent de nombreuses ressources naturelles. Ils demandent d’utiliser davantage de terres agricoles et d’eau, avec une empreinte carbone plus importante que les autres produits alimentaires dilapidés.

Quel pays gaspille le plus de nourriture dans le monde ?

Chaque année à travers le monde, 1,3 milliard de tonnes d’aliments finissent à la poubelle sans jamais avoir été consommés selon les chiffres de la FAO.

Les consommateurs seraient responsables de 30 à 70% des pertes totales de nourriture. Ainsi, en Europe et en Amérique du Nord, une personne gaspillerait chaque mois l’équivalent de 10 kg d’aliments destinés à la consommation humaine ! Le problème du gaspillage alimentaire touche de nombreux pay, y compris la France.

Voici le palmarès des pays qui gaspillent le plus de nourriture dans le monde en valeur absolue et par habitant :

Total en millions de tonnes d’aliments gaspillés

kg par habitant

Chine

91,65

64

Inde

68,76

50

États-Unis

19,36

59

Japon

8,16

64

Allemagne

6,26

75

France

5,52

85

Royaume-Uni

5,20

77

Russie

4,87

33

Espagne

3,61

77

Australie

2,56

102

Ces chiffres sont issus du « Rapport 2021 sur l'indice du gaspillage alimentaire » édité par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) et le WRAP, une ONG basée au Royaume-Uni. Ils confirment que le gaspillage alimentaire est un problème mondial, mais se fait surtout en amont de la filière agroalimentaire dans les pays en développement. 

Inversement, le gaspillage de nourriture dans les pays industrialisés intervient surtout en bout de chaîne alimentaire. L’accès à une plus grande quantité de nourriture favorise alors la surconsommation d’aliments.

Quelles sont les conséquences de la surconsommation alimentaire ?

La surconsommation alimentaire constitue un problème économique, sociétal, environnemental et sanitaire. En plus d’accentuer les inégalités en termes de sécurité alimentaire, le fait de surconsommer ou de jeter des aliments participe aux émissions de gaz à effet de serre et au gaspillage des ressources naturelles. De même, la surconsommation favorise l’apparition de nouvelles maladies en raison d’une alimentation inadaptée à nos besoins physiologiques.

La surconsommation alimentaire : un coût écologique

De récentes études permettent de quantifier les conséquences de la surconsommation alimentaire sur l’environnement. L’empreinte écologique se calcule à toutes les étapes de la chaîne alimentaire, avec un gaspillage d’eau et d’énergie durant la production agricole, mais aussi lors du transport, de la transformation et de la gestion des déchets alimentaires.

On constate ainsi que :

  • 28% des surfaces agricoles mondiales et 250 km³ d’eau sont utilisés chaque année pour produire des aliments que personne ne consomme ;
  • la production de nourriture « inutile » émet 240 milliards de tonnes de CO2 par an ;
  • 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent des déchets alimentaires.

Par ailleurs, l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques pour la production de nourriture est responsable de la pollution des sols et des cours d’eau. L’agriculture conventionnelle participe à la déforestation et au déclin de la biodiversité alors qu’une partie des denrées produites finit à la poubelle.

En définitive, le coût écologique de la surconsommation importe tout autant que les pertes financières ou la question morale du gâchis alimentaire.

surconsommation alimentaire

La surconsommation alimentaire : mauvaise pour la santé

Combinée à un mode de vie sédentaire, la consommation excessive de nourriture engendre de nombreuses pathologies de plus en plus fréquentes en Europe et en Amérique du Nord. 

Des études épidémiologiques et cliniques relayées par l’Inserm permettent de mettre en lumière le lien entre nutrition et santé, notamment dans l’apparition de plusieurs maladies chroniques fréquentes. La qualité nutritionnelle doit ainsi primer sur la quantité de nourriture, surtout lorsqu'on a l’habitude de consommer beaucoup d’aliments ultra-transformés.

La surconsommation alimentaire peut donc être associée : 

  • au surpoids et à l’obésité ;
  • au diabète de type 2 ;
  • aux maladies cardiovasculaires ;
  • à l’hypercholestérolémie ;
  • à l’ostéoporose ;
  • au stress et à des troubles du sommeil ;
  • à certains cancers

Manger plus que nécessaire provoque un déséquilibre entre les apports et les dépenses énergétiques, une surcharge métabolique et parfois même des carences nutritives.

Comment lutter contre la surconsommation alimentaire ?

Il existe de nombreuses solutions et astuces anti-gaspi pour lutter contre la surconsommation alimentaire. De plus, grâce à la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire de 2019, les consommateurs ont désormais la possibilité de changer durablement leur manière de consommer. Le principal levier d’action : tendre vers une consommation responsable en modifiant ses habitudes alimentaires et son comportement d’achat afin de minimiser les pertes de nourriture.

Manger moins et mieux

Les problèmes de surpoids, d’obésité et les autres pathologies liées à la consommation excessive de nourriture incitent à penser qu’il faut faire davantage de sport pour éliminer le surplus de calories. Cependant, manger de grandes quantités d’aliments n’est ni bénéfique pour notre organisme, ni bon pour l’environnement ou même notre portefeuille.

Pratiquer une activité physique régulière est fortement recommandé pour être en bonne santé, mais cela ne permettra pas de réduire le gaspillage alimentaire. De ce fait, l’une des premières solutions pour prévenir la surconsommation alimentaire est de manger moins mais mieux, tout simplement.

Pour ce faire, il est possible :

  • d’adapter les portions à chaque individu autour de la table ;
  • de prendre le temps de manger afin d’être à l’écoute de sa faim ;
  • de prévoir des repas équilibrés avec des aliments sains et rassasiants (céréales complètes, légumineuses, fruits frais, etc.) plutôt que de la nourriture industrielle.

Planifier ses menus pour la semaine permet d’acheter la bonne quantité de nourriture en fonction du nombre de plats et de personnes pour chaque repas. Vous gagnerez un temps précieux en faisant vos courses, et vous économiserez également sur votre budget alimentaire en évitant les tentations inutiles.

Optimisez chaque achat en cherchant des recettes Zéro Déchet. Ainsi, vous pourrez vous servir des épluchures de légumes, d’un reste de pain rassis ou encore des zestes d’agrumes pour réaliser de délicieuses préparations, à l’image de ce pesto de fanes de carottes.

Petite astuce supplémentaire : évitez de faire vos courses le ventre vide. Autrement, vous risquez d’être guidé par la faim et donc de prendre bien plus de nourriture que ce que vous aviez prévu sur votre liste de courses.

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Acheter en vrac

Afin d’éviter une surconsommation et un gaspillage de nourriture, il est aussi conseillé de privilégier le vrac lors de vos achats. De cette manière, vous n’achèterez que la quantité nécessaire d’aliments pour vos prochains repas. Vous jetterez alors bien moins de nourriture que si vous stockiez beaucoup trop d’aliments périssables par rapport à vos besoins.

Depuis le 1er janvier 2021 et grâce à la loi anti-gaspillage dite « loi AGEC », vous pouvez vous rendre avec votre propre contenant (propre et adapté au produit) dans un commerce de vente au détail. Optez pour un supermarché, une épicerie ou un magasin bio où il est possible d’acheter au poids votre riz, vos pâtes, vos condiments, vos fruits secs, vos légumineuses ou même votre thé ou votre café.

L’achat de produits alimentaires en vrac est une excellente solution pour lutter contre le gaspillage alimentaire, mais aussi pour réduire ses déchets. En réutilisant un pot en verre ou des sacs en coton, vous limitez au maximum les emballages plastiques et à usage unique.

Ranger les produits par date de péremption

Comment éviter de jeter de la nourriture périssable ? La réponse est simple : organiser son frigo et ses placards en fonction de la date de péremption des produits. Ceux qui ont une DLC (date limite de consommation) proche et les plats faits maison doivent donc être rangés devant les autres aliments pour être consommés en priorité.

Attention à ne pas confondre DLC et DDM (date de durabilité minimale) ! Si votre produit comporte la mention « à consommer de préférence avant le… » et que l’emballage n’est pas altéré, n’ayez pas peur de consommer le produit après la date indiquée. Il aura seulement perdu un peu de sa qualité gustative, mais il n’y a aucun risque d’intoxication.

Certains magasins alimentaires proposent des rayons spécialisés pour les produits avec une DLC courte. C’est l’idéal si vous souhaitez acheter un aliment pour le manger dans la journée. Ces produits bénéficient généralement d’une réduction sur le prix, ce qui permet de faire quelques économies !

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