Tout savoir sur l’huile de palme
Par Lucas Le lundi 22 mai 2023
On la trouve dans de nombreux produits industriels comme dans la plus célèbre des pâtes à tartiner, nos chips préférés ou encore notre dentifrice sourire d’enfer, oui on vous parle de l’huile de palme. Accusée d’être responsable de la déforestation en Asie du Sud-Est, de la disparition d’espèces comme les orang-outans et d’être mauvaise pour la santé, l’huile de palme est devenue en quelques années le symbole des effets négatifs de notre consommation sur l’environnement et sur nous-même.
Mais qu’en est-il réellement ? Pourquoi cette huile est-elle devenue la plus cultivée dans le monde ? Une culture durable de l’huile de palme est-elle possible ? Qu’en est-il de l’huile de palme bio ?
- Pourquoi utilise-t-on de l’huile de palme ?
- L’huile de palme, une croissance fulgurante
- L’huile de palme, star dans l’industrie
- Pourquoi l’huile de palme fait-elle polémique ?
- L’huile de palme, mauvaise pour la santé ?
- La culture du palmier à huile, responsable de la déforestation
- Destruction de l’habitat et mauvaises conditions de travail… une production peu éthique
- Une autre culture de l’huile de palme est-elle possible ?
- L’huile de palme durable, véritable avancée ou greenwashing ?
- Quid de l’huile de palme bio ?
- Les conseils de La Fourche pour éviter l'huile de palme
- Pâte à tartiner, chocolat, biscuits, céréales, chips... Sans huile de palme
- L'action des marques et de l'Etat face à l'huile de palme
Pourquoi utilise-t-on de l’huile de palme ?
Si l’usage alimentaire et médicinal de l’huile de palme remonte à 5 000 ans en Egypte, elle connaît une grande percée au XXème siècle dans l’industrie alimentaire, son principal débouché aujourd’hui dans le monde. Mais l’huile de nos ancêtres n’était pas tout à fait la même que celle qu’on trouve le plus de nos jours.
L’huile de palme, une croissance fulgurante
Extraite de la pulpe du fruit du palmier à l’huile, l’huile de palme est originaire d’Afrique de l’ouest et centrale. Aujourd’hui, elle est cultivée dans les régions tropicales, en Asie du sud-est, en Afrique et en Amérique du sud. Son premier producteur est l’Indonésie (34 millions de tonnes soit 85% de la production), suivie par la Malaisie (17 millions) et loin derrière, par la Thaïlande, la Colombie et le Nigéria.
On distingue plusieurs types d’huile de palme :
- L’huile de palme vierge, de couleur rouge, riche en vitamines A, E et antioxydants, et utilisée dans les cuisines africaines et la cuisine brésilienne.
- L’huile de palme raffinée, chauffée et filtrée. Le raffinage prive l’huile de ses molécules biologiques intéressantes ; un procédé interdit en agriculture bio.
- L’huile de palme hydrogénée : qui a subi un traitement chimique pour diminuer les risques d’oxydation et de dégradation de la matière grasse. Elle est interdite dans l’agriculture bio mais on peut en trouver dans les cosmétiques et produits d’entretien bio.
L’huile de palme, c’est l’huile végétale la plus consommée dans le monde : elle représente ⅖ de la consommation d’huile. En 2015, 60 millions de tonnes ont été produites contre 15,2 millions de tonnes en 1995 soit une croissance de près de 300% en 20 ans.
Entre 1990 et 2010, 10 000 000 hectares ont été consacrés à la production d’huile de palme dans le monde, et plus de ⅖ de ces plantations se trouvent sur des zones anciennement recouvertes par des forêts tropicales primaires (forêts originelles qui n’ont jamais été détruites ou exploitées).
L’huile de palme, star dans l’industrie
L’huile de palme est apparue sur le marché européen en 2001, lorsque les graisses partiellement hydrogénées, présentes dans les produits industriels (sandwichs, pâtes feuilletées, viennoiseries etc.), ont été discréditées pour leurs effets négatifs sur la santé. L’huile de palme a donc été une solution de remplacement, jusqu’à prendre une part croissante dans notre alimentation. Les industriels l’ont très vite adoptée, au vu de ses propriétés physico-chimiques très intéressantes. Sa forte concentration en acides gras saturés fait qu’elle est stable à l’oxydation, qu’elle résiste aux hautes températures et peut être conservée plus longtemps.
L’huile de palme est aussi très rentable. Son coût à la vente est modéré, et comparée à d’autres huiles végétales comme le colza, sa production à l’hectare est bien supérieure et nécessite beaucoup moins de terres. Son rendement est 10 fois plus élevé que celui du soja. Il serait donc difficile de consommer ces produits industriels dans les mêmes quantités aux mêmes prix, en remplaçant l’huile de palme par de l’huile de tournesol ou de colza.
Enfin, l’huile de palme a l’avantage d’être semi-solide dans les milieux tempérés et pratique à transporter dans le monde entier. Ces qualités lui permettent de s’adapter à de nombreux usages ; par exemple, elle donne un côté onctueux aux produits au même titre que la margarine. On peut aussi extraire certaines parties pour la mélanger à d’autres corps gras, une alchimie industrielle des plus performantes !
Aujourd’hui en France, on consommerait chaque année 2kg d’huile de palme par personne dans l’alimentaire, et deux fois plus pour les enfants et adolescents. Dans le monde, l’huile de palme est utilisée à 80% pour l’industrie agroalimentaire et 24% dans les cosmétiques, mais en Europe, on s’en sert à 60% pour les agrocarburants.
Pourquoi l’huile de palme fait-elle polémique ?
Aujourd’hui, la consommation d’huile de palme tend à diminuer en France, mais pas dans le monde. On la trouve encore dans la plupart des produits industriels et cosmétiques au quotidien, et surtout dans les agrocarburants.
L’huile de palme, mauvaise pour la santé ?
L’huile de palme a très mauvaise presse, car elle contient des acides gras saturés, qui contribuent aux risques de maladies cardio-vasculaires et à l’augmentation du mauvais cholestérol. Pourtant, la réalité n’est pas aussi simple que ça.
A la base, l’huile de palme vierge est l’équivalent tropical de l’huile d’olive. Elle a quasiment la même composition en acides gras, elle est aussi très similaire sur le bon cholestérol. En terme d’impact sur le mauvais cholestérol, l’huile de palme se révèle meilleure que les graisses végétales partiellement hydrogénées, comme le beurre ou le lard mais moins bonne que l’huile d’olive ou de tournesol.
Le premier problème vient du fait que l’huile de palme utilisée en agroalimentaire conventionnel est partiellement hydrogénée. Le pourcentage d’acides gras saturés peut alors atteindre 75% à 100%. C’est en partie pour cela qu’on conseille d’avoir une alimentation variée et peu transformée: pour éviter une surconsommation de ces graisses saturées, qu’on trouve surtout dans des aliments transformés ayant un intérêt nutritionnel limité (chips, gâteaux, biscuits…).
Le second problème est qu’il est difficile de repérer l’huile de palme dans les produits industriels, car on la retrouve sous plus de 200 dénominations et additifs dérivés.Comme graisse alimentaire, on la voit sous “huile palmiste”, “graisse de palme” ou encore “oléine de palme”. D’autres appellations peuvent aussi contenir de l’huile de palme : huile végétale, graisse végétale, monostéarate de palme… On la retrouve aussi sous différents additifs alimentaires: E304, E335, E431, E434…
La culture du palmier à huile, responsable de la déforestation
La culture du palmier à huile va de pair avec une déforestation massive. L’exploitation de l’huile de palme est responsable de 25% de la déforestation en Indonésie entre 2009 et 2011. Entre 1990 et 2008, 8,7 millions d’hectares de forêts ont été rasés en Indonésie, Malaisie et Papouasie-Nouvelle-Guinée.
La culture de brûlis est une technique agricole ancienne qui consiste à brûler les terres afin de défricher à moindre frais. Elle est beaucoup utilisée aujourd’hui illégalement par les entreprises de plantation pour détruire les zones de tourbières, des espaces marécageux asséchés, afin d’y développer le palmier à huile. Ces feux de déforestation émettent beaucoup de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, notamment avec ces tourbières, qui renferment d’importantes quantités de carbone. Plusieurs études ont montré que leur destruction était responsable de 12% à 20% des émissions de gaz à effet de serre.
Les premières victimes de cette pollution atmosphérique sont les populations locales. Les feux de déforestation polluent également les espaces environnants et entraînent des infections respiratoires pour des milliers de personnes, des fermetures temporaires d’écoles et des perturbations du trafic aérien.
Une palmeraie qui vient d’être plantée ne donnera des fruits qu’à partir de sa quatrième année. Il est donc plus intéressant financièrement pour les entreprises exploitantes de déboiser une zone avant d’y planter leurs palmiers. Ce déboisement permet, en vendant le bois coupé, de financer l’installation de la palmeraie et des quatre années sans fruits. Certaines entreprises ne plantent même pas de palmiers, mais utilisent ce prétexte pour déboiser et revendre le bois.
Destruction de l’habitat et mauvaises conditions de travail… une production peu éthique
La déboisement massif a des conséquences catastrophiques sur la biodiversité, notamment sur les animaux qui vivent dans ces régions, et voient leur habitat et leurs ressources disparaître. C’est le cas des orang-outans, dont la moitié des spécimens habitent en dehors des zones protégées, au sein de forêts exploitées par des compagnies forestières et des fabricants d’huile de palme. Aujourd’hui, cette espèce symbolique des îles de Sumatra et Bornéo est menacée d’extinction : 95% des orang-outans ont disparu de Bornéo. Chaque jour, ce sont 25 orang-outans qui disparaissent. De plus, c’est une espèce qui se reproduit lentement : une femelle donne naissance à un petit tous les 6 à 8 ans.
Le tigre de Sumatra pourrait lui aussi disparaître ; il en resterait moins de 500 spécimens dans la nature. La dernière espèce de tigre indonésien encore vivante voit son habitat détruit de jour en jour et ne trouve plus de quoi se nourrir. En conséquence, différents cas d’attaque mortelle de tigre sur les humains sont survenues sur des chantiers de déforestation pour faire place aux palmiers à huile. La liste des espèces menacées ne s’arrête pas là ; on pourrait aussi parler de l’éléphant d’Asie et de deux sous-espèces de rhinocéros (de Java et de Sumatra) dont on estime le total des deux populations à moins de 300 individus. L’isolement de certains groupes entraîne des problèmes de consanguinité qui peuvent impacter la fertilité. Selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, 193 espèces menacées sont concernées par la déforestation.
Aussi, Amnesty International a rédigé un rapport sur les conditions de travail de 120 travailleurs sur des plantations de palmiers à huile en Indonésie. L’ONG dénonce des violations fréquentes des droits de l’homme sur ces exploitations. L’enquête a notamment montré que des femmes étaient payées 2,50$ par jour et moins que les hommes (déjà peu payés), que des enfants, certains âgés de 8 ans, faisaient un travail dangereux et abandonnaient parfois l’école pour aider leurs parents, des ouvriers souffraient de graves lésions liées à un pesticide hautement toxique et normalement interdit, tandis que d’autres étaient contraints de travailler en extérieur sans protection adaptée et malgré les risques de dégâts respiratoires liés à la pollution des feux de forêts.
Une autre culture de l’huile de palme est-elle possible ?
Face à cette situation, les réponses restent timides. Un logo “sans huile de palme” a été créé, que l’on retrouve principalement sur des produits de marques présentes en grande distribution. C’est surtout un outil de communication pour se différencier de ses concurrents plutôt qu’un véritable engagement pour la santé des consommateurs et l’environnement.
L’huile de palme durable, véritable avancée ou greenwashing ?
En 2004, pour répondre à l’indignation publique, est créée la RSPO, une ONG qui regroupe près de 3000 planteurs, producteurs, transformateurs, investisseurs et ONG comme la WWF. Elle a pour but de rassembler les différents acteurs de la filière, afin de s’orienter vers une production plus durable de l’huile de palme. La RSPO a créé GreenPalm, un label d’huile de palme durable. Aujourd’hui, 15 à 20 % de l’huile de palme produite dans le monde est certifiée par la RSPO, et ¼ de l’huile de palme consommée en France est certifiée GreenPalm. Ce label doit garantir la présence d'une huile de palme conventionnelle dite éco-responsable et permettre d’obtenir la traçabilité, l’obligation de reboiser les terres utilisées et des garanties sociales et environnementales. Pourtant, en y regardant de plus près, les choses sont plus obscures. La RSPO n’interdit pas la déforestation des forêts secondaires (c’est-à-dire replantées), ni les tourbières. De plus, elle est assez laxiste lorsqu’il s’agit de sanctionner les membres qui utilisent les feux de forêt pour déboiser. Enfin, la traçabilité de l’huile de palme n’est pas évidente : bien souvent de l’huile certifiée RSPO se retrouve mélangée à de l’huile non certifiée. Une huilerie certifiée RPSO peut aussi prétendre vendre de l’huile certifiée parce qu’une partie de ses fruits vient de palmeraies certifiées alors que l’autre partie non.
Dernier doute autour de la RSPO : sa plateforme de négoce de certificats en ligne, où 1 490 000 ont déjà été vendus et ont permis aux producteurs de toucher 11,5 millions de dollars. Comment ça marche ? Les producteurs certifiés RSPO peuvent vendre les certificats GreenPalm qu’on leur a donnés pour chaque tonne d’huile brute produite durablement. Ils sont mis aux enchères sur le site auprès des fabricants membres du programme, qui peuvent faire des offres d’achat. Grâce à ces certificats, les marques peuvent afficher sur leurs produits qu’elles soutiennent l’huile de palme durable. Là où le bât blesse, c’est qu’un produit avec le logo GreenPalm peut ne pas contenir une seule goutte d’huile de palme durable. Cela signifie juste que l’entreprise finance des producteurs d’huile de palme durable.
Ainsi, l’huile de palme durable est pour beaucoup un écran de fumée voire une tentative de “greenwashing” des industriels pour redorer leur image et ne pas perdre cet or rouge. Des pays comme la France ou l’Allemagne ont promis d’aller vers 100% d’huile de palme durable d’ici 2020, malgré la controverse autour de la véritable durabilité de cette huile de palme. Reste qu’aujourd’hui, rien n’oblige les pays européens à vérifier l’origine de l’huile de palme.
Quid de l’huile de palme bio ?
Face à ces polémiques, la demande en huile de palme bio ne cesse d’augmenter. Elle est principalement produite en Colombie et au Ghana, et représente aujourd’hui 12 000 tonnes annuelles. Les producteurs d’huiles de palme bio respectent davantage la biodiversité et s’engagent à tenir compte de l’équilibre écologique local. Les rendements des palmiers à huile bio, sans fertilisation artificielle ni traitement chimique de synthèse sont inférieurs de 30 % par rapport aux plantations conventionnelles. Les projets développés dans ces pays sont censés prendre en compte les enjeux socio-économiques de ces régions et avoir une gestion durable des ressources.
L’huile de palme bio certifiée Ecocert Greenlife a un cahier des charges strict en ce qui concerne la culture des palmiers à huile : les pesticides et les engrais de synthèse ne sont pas autorisés. Malheureusement, la certification bio ne va pas de pair avec la mention équitable. Une large partie de la production d’huile de palme bio repose sur la société Daabon Organic en Colombie, certifiée bio depuis 1991. Mais en 2010, l’entreprise a fait face à de lourdes critiques : elle a été accusée d’avoir acheté de façon obscure les terres de Las Pavas, une propriété au nord du pays, expulsé par la force 123 familles et déboisé le terrain pour y implanter une palmeraie. On est loin de l’esprit bio ! Ce cas illustre la problématique autour du flou qui règne sur l’huile de palme bio. La lutte contre la déforestation, la provenance et les conditions de travail ne sont pas clairement mentionnées dans le label AB.
Mais ne perdons pas espoir ! Créé en 2009, Serendipalm est un projet initié au Ghana par la marque américaine de cosmétiques Dr. Bronner’s, afin de trouver une solution pour s’approvisionner en huile de palme bio et développer le commerce équitable. Ce projet touche environ 700 paysans, exploitant de petites surfaces d’huile de palme bio. Les salaires sont plus équitables, les partenaires sont formés à l’agriculture biologique et une prime de commerce équitable est versée à l’ensemble de la communauté, permettant de financer des travaux communautaires. Serendipalm est devenu l’employeur local le plus important de la région et sur le terrain, la filiale est gérée par une équipe ghanéenne. L’entreprise fournit désormais des sociétés du secteur alimentaire comme Rapunzel et Artisans du Monde. Le projet est garanti par différentes certifications bio et certifié commerce équitable “Fair For Life”. Enfin, le groupe Natural Habitats est fournisseur d’huile de palme bio, cultivée selon les principes du commerce équitable. Les différentes plantations de producteurs sont basées en Equateur et au Sierra Léone. On peut la retrouver sous les certifications Fair For Life, Ecocert et USDA Organic.
Les conseils de La Fourche pour éviter l'huile de palme
Chers consommateurs, plusieurs pistes s’offrent à nous. L’option boycott de l’huile de palme est évidemment à privilégier, mais c’est un véritable challenge (en particulier dans les cosmétiques) qui risque aussi de pénaliser les initiatives menées par des acteurs voulant créer une huile de palme véritablement éco-responsable comme le projet Serendipalm ; donc si un produit contient de l’huile de palme, préférez-le bio et certifié commerce équitable.
Pâte à tartiner, chocolat, biscuits, céréales, chips... Sans huile de palme
Mais concrètement, qu’est-ce qu’on vous recommande dans l’alimentation ? Déjà, privilégiez le fait maison et évitez les produits industriels ultra transformés qui contiennent beaucoup d’huile de palme et sont riches en graisses saturées. On fuit donc certains plats surgelés ou préparés (pizza, quiches...), pains, brioches et pâtes à tarte, margarines, fromages, friandises, gateaux secs, glaces, gâteaux apéritifs etc. Vous pouvez retrouver ici et ici les produits et marques qui contiennent de l’huile de palme.
Choisissez les produits avec la mention “sans huile de palme”, notamment pour les enfants et adolescents qui ont tendance à en consommer davantage que les adultes. Par exemple :
- On troque le Nutella par des pâtes à tartiner sans huile de palme comme la Nocciolata.
- Pour les biscuits sans huile de palme, tournez-vous la marque française Le Moulin du Pivert, une entreprise familiale indépendante qui respecte l’environnement et favorise l’économie locale.
- Pour votre bébé, choisissez des laits infantiles sans huile de palme ; c’est notamment le cas chez Good Goût, Hipp et Junéo
- Au niveau de l’apéro, essayez les chips de légumes Croustisud
- Les céréales et mueslis sans huile de palme, faites un tour chez Favrichon et Grillon d’or
Attention aussi à l’huile de palme dans votre salle de bain ! Il vous sera beaucoup plus difficile de l’éviter car elle est autorisée même dans les cosmétiques bio sous des noms et dérivés assez complexes. Dans les cosmétiques, on peut repérer les dérivés de l’huile de palme en cherchant le suffixe “capryl” ou des préfixes “lauryl”, “cetear”, “stear”, “palm”, “myr(ist)” ou “dodec”. Ces ingrédients peuvent être synthétisés à partir d’huile de coco, mais étant donné qu’elle est plus chère, elle ne remplace l’huile de palme qu’à de très rares exceptions.
Pour la douche, on peut quand même vous conseiller les savons sans huile de palme Apo et faire vos cosmétiques maison. Concernant les produits d’entretien, utilisez simplement des produits naturels comme le savon noir ou le vinaigre blanc.
L'action des marques et de l'Etat face à l'huile de palme
Dans tous les cas, vos choix de consommation pousseront les entreprises à chercher des solutions pour réduire leur utilisation d’huile de palme voire à la bannir de leurs produits. En 2010, des dizaines de multinationales comme L’Oréal, Nestlé ou Unilever avaient pris des engagements contre la déforestation et avaient jusqu’à 2020 pour les mettre en oeuvre. En 2018, GreenPeace a passé au crible 16 entreprises en leur demandant de publier la liste de leurs fournisseurs en huile de palme et usines d’approvisionnement. Résultat ? Aucune des entreprises n’avait tenu ses engagements, mais il leur reste encore un an pour faire des progrès !
Les Etats doivent aussi s’engager et trouver un équilibre entre leur développement économique et la préservation de leur environnement. Concrètement, ils doivent dire non aux agrocarburants, des carburants produits à partir de matière organique (colza, tournesol, soja… et huile de palme), longtemps considérés comme des alternatives plus écologiques à l’essence et au diesel. Pourtant, les agrocarburants émettent plus de CO2 que les carburants fossiles, à cause de la déforestation qu’ils génèrent, de l'accaparement des terres agricoles et du stockage carbone.
Aujourd’hui, le problème est plus que jamais d’actualité. La Malaisie compte attaquer l’Union Européenne auprès de l’OMC, après l’adoption d’un texte visant à faire disparaître l’huile de palme des agrocarburants d’ici 2030, catégorisés comme “non durables”. Pourtant en France, l’huile de palme est au coeur d’une polémique depuis l’ouverture d’une bioraffinerie pilotée par Total à la Mède dans les Bouches-du-Rhône, qui s’est vu autoriser l’importation 650 000 tonnes d’huile de palme pour la fabrication de ses agrocarburants, alors que plusieurs pétitions circulent contre ce projet. Cette autorisation va à l’encontre des engagements du gouvernement de lutter contre le réchauffement climatique et pour la biodiversité. GreenPeace mène aussi des actions depuis plusieurs mois contre Total et invite les citoyens à interpeller Emmanuel Macron sur la déforestation.